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Coproduire éthiquement, des exemples pratiques…

ACCOMPAGNEMENT À LA PRÉSENTATION DU PROJET L.U.N.E (PIPQ)

Le groupe

Projet L.U.N.E est un volet de l’organisme Projet d’intervention prostitution Québec [PIPQ] www.pipq.org/projet_lune.php
pipq@qc.aira.com

Public ciblé

Participantes engagées dans le Projet L.U.N.E.

L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL

Avant

Mis sur pied en 2007 pour rejoindre les travailleuses du sexe de rue et les utilisatrices de drogues par injection désirant prévenir l’acquisition et la transmission du VIH, le projet L.U.N.E part de leurs savoirs expérientiels, bonifiés par l’expertise des organismes Point de Repères et PIPQ, et du milieu universitaire. À l’origine, ce projet en était un de recherche-action participative communautaire. Il a mené ces femmes à prendre la parole publiquement pour différentes causes.

Depuis 2010, le projet a migré vers l’intervention sociale. Les femmes du projet L.U.N.E souhaitent mettre sur pied une maison d’hébergement pour femmes travailleuses du sexe et les utilisatrices de drogues par injection. Cela les amène à présenter leur projet publiquement dans

différents contextes. La pratique d’accompagnement au témoignage a donc suivi un processus évolutif. Au départ, les présentations du projet étaient faites par la coordonnatrice de la recherche qui a vite senti le besoin d’impliquer les participantes. Elle réalisait que les histoires des femmes avaient le potentiel de toucher et de transformer les gens de manière beaucoup plus significative que si elle seule présentait les aspects plus théoriques du projet (problème à l’étude, méthodologie, résultats).

Les femmes impliquées dans le projet L.U.N.E répondent à des demandes de (re)présentation de leur projet et/ou elles identifient elles-mêmes des plateformes de diffusion des résultats du projet. Elles reçoivent des informations sur le contexte de la présentation, les tours de parole sont distribués entre elles ; la coordonnatrice et les intervenantes les outillent et les conseillent tout en leur laissant beaucoup de liberté. « Elles sont les expertes de leur vécu ».

Pendant

La coordonnatrice présente les données de recherche et les femmes témoignent de leur vécu et de leur implication dans le projet, etc.

Après

Une évaluation/rétroaction est réalisée en groupe après chaque expérience de témoignage. La coordonnatrice, les intervenant.e.s et les femmes, entre elles, se rassurent sur leur performance, se renforcent positivement, accueillent l’euphorie qui se dégage suite à cet accomplissement et se projettent dans la poursuite de leur engagement.

LES DÉFIS RENCONTRÉS

Avec les médias ?

Les femmes sont convaincues de la nécessité de parler du projet L.U.N.E et de leur réalité. C’est pourquoi elles se portent volontaires pour partager dans les médias. Par contre, il y a certains aspects de leurs vies qu’elles n’aiment pas aborder et elles souhaitent qu’on les respecte à ce niveau. Elles sont conscientes que le message qu’elles livrent peut toucher plusieurs personnes et celles qui acceptent de témoigner ne sont pas honteuses de le faire. Cependant, elles sont conscientes qu’elles demeurent fragiles.

Avec les personnes témoins ?

  • Avec les femmes du groupe il faut laisser parler leur expérience et réinventer la manière dont on les aide à structurer leur pensée. Les Powerpoints et textes écrits sont plus encombrants qu’aidant. Il faut les amener à parler d’elle, à se faire confiance.
  • Les témoignages réalisés en groupe nécessitent une gestion serrée du tour de parole. Certaines prennent trop de place, elles sont « superempowerisées » et grisées par le pouvoir qu’elles acquièrent. Cela fait en sorte qu’elles ont de la difficulté à partager la prise de parole. Elles veulent protéger leurs privilèges et elles s’approprient le projet au détriment des autres.

Avec les proches de la personne témoin ?

Les femmes qui font des témoignages assument leur réalité personnelle. Ce que vivent leurs proches est variable, allant de la fierté à la honte en passant par l’incompréhension. Celles qui ne veulent pas que leurs proches soient « éclaboussés » par leur vécu et qui craignent que cela ait des répercussions sur leurs proches, ne témoigneront pas.

Au sein même de l’organisme ?

Dilemme entre répondre à toutes les demandes pour se donner de la visibilité ou filtrer les demandes en fonction de ce que ça apporte aux femmes ou au projet.

Respecter la dignité de l’individu dans la démarche d’accompagnement social au témoignage c’est…

C’est lorsque la personne témoigne par choix éclairé. Qu’elle sente que la relation avec son accompagnante est égalitaire. Les femmes trouvent important de ne pas être interrompues lors de leur témoignage. Elles veulent s’exprimer sans trop qu’on leur mette des mots dans la bouche. De plus, il est important que l’intervenant.e ne dévoile pas des parties de la vie que la personne n’aurait pas envie de dévoiler.

Enjeux éthiques et de solidarité

Une compensation financière est perçue comme un salaire. Les femmes apprécient témoigner car elles ont l’impression de réellement toucher les gens et de les aider. C’est une expérience valorisante.