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Coproduire éthiquement, des exemples pratiques…

SOUTIEN À LA PRÉSENTATION DE FILMS ET DE PERFORMANCES (FESTIVAL VIHSION)

Le groupe

Festival VIHsion – éditions 2009 et 2010
www.vihsion.com
info@vihsion.com

Public ciblé

Personnes vivant avec le VIH/sida et artistes qui ont réalisé des films, documentaires et performances sur le thème du VIH/sida – centré sur le vécu des personnes, sans focaliser sur la prévention de la transmission du VIH/sida.

État du projet

Projet terminé.

L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL

Avant

Les objectifs du festival étaient de:

  1. Créer un dialogue sur le VIH avec des artistes séropos et non-séropos
  2. Promouvoir des films artistiques présentant des vécus de personnes vivant avec le VIH/sida.

Le collectif organisateur était paritaire – formé de 50 % de personnes séropositives – et voyait à s’assurer de la représentation des besoins, intérêts et vécus des personnes vivant avec le VIH/sida. Une invitation ouverte à recevoir des propositions de films et de performances a été lancée plutôt que de cibler des artistes en particulier. Un comité de sélection des films composé de trois personnes extérieures au collectif organisateur a été formé. Ces personnes ont été choisies sur la base de leur expérience en écriture cinématographie. Ce comité était aussi paritaire car il était important que la connaissance de l’histoire et du vécu des personnes vivant avec le VIH guident la sélection des films retenus. L’un des critères principal de sélection était le caractère artistique du film et la représentation d’une pluralité de vécus.

Une lettre a été envoyée aux réalisateur.trices et performeurs.euses sélectionné.es pour leur annoncer que leur film ou leur performance seraient présentés au festival. Le collectif n’a pas interrogé les artistes sur leur statut sérologique. Ce n’était pas important pour eux car ils souhaitaient que les gens se dévoilent uniquement s’ils en avaient envie. Certains membres séropositifs du collectif ont présenté leur film, dans lequel leur séropositivité est révélée. Cette décision a préalablement fait l’objet d’une réflexion sur les risques et les avantages de la révélation publique entre les membres du collectif.

Le festival n’a pas fait l’objet d’une promotion tous azimuts. Les invitations étaient ciblées afin de favoriser la création d’un public intéressé, réceptif et respectueux de la démarche artistique et du vécu des artistes.

Pendant

L’espace du festival était sécurisant pour les personnes vivant avec le VIH/sida qui présentaient leur film ou leur performance. Il y avait un grand sentiment de fierté alimenté par la réception très positive des gens dans la salle.

Après

Un Vox pop a permis de recueillir, tout au long de l’événement, les réactions du public, par exemple ce qui les avait touché. Certains ont mentionné les apprentissages qu’ils ont faits. Pour le collectif organisateur, il était important que le Vox pop soit présenté sans montage afin que tous les commentaires soient entendus. La projection du Vox pop a eu lieu à la fin du festival.

LES DÉFIS RENCONTRÉS

Avec les médias ?

Le collectif a créé un DVD promotionnel contenant deux des témoignages prévus au programme du festival. Une journaliste d’un média francophone de Cyberpresse a retranscrit intégralement les propos de l’un des témoignages pour le diffuser dans son article de promotion de l’évènement, et ce, sans demander l’autorisation de la personne témoin. Le ton de l’article était « victimisant » et ne correspondait pas du tout à l’image de l’évènement artistique, festif et représentatif d’une multitude de vécus que souhaitait mettre de l’avant le collectif organisateur. De plus, la réalisatrice du film dont le témoignage a ainsi été massivement diffusé se trouvait dans une période charnière de son processus d’immigration. La révélation publique de son statut sérologique risquait de nuire à ses démarches. Les membres du collectif ont communiqué avec la journaliste pour lui demander de retirer l’article sur le site de Cyberpresse, ce qui a été fait. Les médias anglophones ont, quant à eux, bien compris que l’évènement était une célébration de l’art séropositif !

Avec le public du témoignage ?

Une personne a présenté des films axés sur la sexualité, mais ce soir-là, le public était formé de plusieurs personnes provenant de communautés afro-caribéennes venues visionner les films réalisés en Afrique. Certaines personnes ont été choquées dû à la teneur sexuelle de certains films présentés.

Au sein même du groupe ?

Plusieurs propositions de films présentaient un contenu orienté vers la prévention du VIH. Or ceux-ci ne cadraient pas avec les objectifs du festival. Le collectif organisateur voulait favoriser la participation d’un maximum de personnes mais en même temps mettre de l’avant des oeuvres valorisant l’art séropositif. Comment parvenir à concilier ces deux objectifs ? Des discordes ont parfois opposé les membres du collectif concernant la sélection des films.

Respecter la dignité de l’individu dans la démarche d’accompagnement social au témoignage c’est…

Laisser chacun.e trouver la façon dont il.elle souhaite représenter son vécu avec le VIH

Enjeux éthiques et de solidarité

Certains films et performances présentent un contenu choquant ou provoquant pour certain.e.s participant.e.s. Cela risque d’avoir des répercussions sur le public mais le collectif a préféré ne rien censurer. Le collectif a choisi de laisser les réalisateur.trice.s et performeur.se.s maîtres de leur décision. Comme l’explique l’une des organisatrices, « quand une personne propose un projet choquant pour le présenter dans le cadre d’un évènement public, elle prend le risque de recevoir les commentaires et les critiques qui en découlent ».