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En janvier 2016, Cultures du témoignage a remis deux bourses d’étude à des étudiants de cycle supérieur qui effectuent des recherches visant à mieux comprendre l’utilisation du témoignage comme stratégie d’intervention sociale et culturelle. Le comité d’évaluation des candidatures (Simon Corneau, Aurélie Hot et Karine Espineira) tient à féliciter les lauréats!

Les récipiendaires

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Clark Pignedoli

Doctorant en sociologie avec concentration en études féministes (UQAM)

Projet de thèse : « Des technologies de genre : les ateliers Drag King en France et en Italie comme micropolitiques de subjectivation pour les personnes transmasculines », sous la codirection de Janik Bastien Charlebois et Alexandre Baril.

Résumé du projet de recherche
Les ateliers DK sont des laboratoires où, en non-mixité (définie de manière différente selon les ateliers), on apprend à performer un personnage masculin de manière temporaire, à travers des exercices et des accessoires qui permettent de se faire lire comme un homme cisgenre dans l’espace publique. L’isolement, l’étude et la performance des codes de la masculinité, permet aux participant.es d’expérimenter en chair et en os les privilèges des masculinités dominantes tout en déconstruisant les conceptions biologisantes du genre et en mettant en lumière sa dimension performative. Ainsi, ces laboratoires participent au travail de dénaturalisation du système sexe/genre hétéronormé, car le DK explore comment les normes de la masculinité et, a fortiori, de la féminité sont assimilées et incorporées. Mais aussi du cisgenrisme, car les ateliers dévoilent comment, à partir de l’assignation de genre à la naissance, les corps sont fabriqués au quotidien en tant que « mâle » et « femelle » à travers l’intervention constante des institutions sociales qui les construisent comme corps « sexués. »A travers une (auto)ethnographie au sein des ateliers DK en France et en Italie, je documenterai le potentiel de subjectivation de ces espaces pour des personnes transmasculines et la possibilité que s’y inscrive la production de nouvelles formes de masculinités, hors de masculinités hégémoniques. Des masculinités qui jouent un rôle important au sein des mouvements queer et féministes et dans les pratiques anti-oppressives au quotidien. En fait, le DK peut être un outil de subjectivation pour les personnes s’identifiant sous le spectre des transmasculinités. Ces participant.es peuvent se servir du DK en tant que « technologie de genre » (de Lauretis, 2007) pour construire leur masculinité différemment, prendre une distance avec les masculinités dominantes et les privilèges qu’y sont associés.
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Jamie Goodyear

Doctorant en études et pratiques des arts (UQAM)

Projet de thèse : « Explorer mes histoires intimes du VIH: une étude autoethnographique de l’identité et de la création artistique », sous la codirection de Maria Nengeh Mensah et Michael Blum.

Résumé du projet de recherche
Mon projet de doctorat est une recherche-création centrée sur ma vie et mon statut sérologique positif au VIH que j’ai décidé de ne plus cacher. Ce changement de vie marque également un tournant dans ma pratique créative vers une création artistique à propos du VIH qui s’appuiera sur mon témoignage. Comme un moyen d’étudier ma propre identité, en tant que quelqu’un avec le VIH, je tirerai sur l’utilisation de témoignages à travers une étude autoethnographique de ma vie avec le VIH à travers mes histoires de risque et de plaisir. Mon cadre conceptuel repose sur l’idée qu’en tant qu’artiste, je suis un conteur queer. Mon projet de doctorat implique trois volets conceptuels: l’identité et positionnalité, l’interactionnisme symbolique, et une sociologie des histoires. Avec ma méthode de autoethnographie analytique, comme une forme d’auto-éflexion et l’écriture, je suis d’explorer mon expérience personnelle, ou une histoire autobiographique, d’accéder à des significations et des interprétations culturelles, politiques et sociaux plus larges. Mes méthodes créatives vont se prévaloir de cette autoethnographie pour nourrir l’utilisation du matériau de l’artisanat traditionnel du verre, et produire des vitraux, un néon en verre et un objet sonore qui transmettront mes récits ainsi que leurs significations politique et sociale. Par le biais de la collecte de mes histoires, et la découverte de mes propres symboles et de signes, je vais réaliser une exposition qui articule mes pensées sur le sexe et la marginalité, le risque et le plaisir, en tant que personne vivant avec le VIH.