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Les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles ont obtenu une égalité juridique avec le reste de la population au Québec et au Canada, mais il reste encore du chemin à faire. Les préjugés et la stigmatisation sont encore présents. Et si la criminalisation des personnes de minorités sexuelles ou de genres n’est plus effective au Canada, elle est encore présente dans de nombreux pays. Face à ces réalités, les personnes s’identifiant à une minorité sexuelle ou de genre, ici et ailleurs dans le monde, utilisent le témoignage dans des buts de démystification, d’éducation, de sensibilisation, de luttes politiques et de justice sociale. Toutefois, les usages et les pratiques du témoignage sont multiples et la définition du témoignage ne fait pas l’unanimité à travers les différents groupes et organismes.

Comité de travail

Le comité de travail sur le témoignage des minorités sexuelles et de genres (2010-2018) s’est intéressé particulièrement à l’inclusion et les politiques identitaires au sein de la communauté. Par exemple, une question clé demeure : qui a la possibilité d’aller témoigner? Cette question soulève plusieurs enjeux intracommunautaires puisqu’il y a des groupes qui sont plus facilement acceptés que d’autres. Qui peut parler (et qui n’est pas entendu)? Qui est « nous » et qui est « je »? Qui passe mieux socialement? Comment faire pour démystifier la diversité sexuelle et de genre sans renforcer les préjugés?

Le comité a étudié aussi la dimension politique du témoignage : est-ce que le témoignage peut approfondir la démocratie? Quels sont les enjeux spécifiques aux transidentités? Qu’apporte une perspective anticapitaliste? Comment les personnes intersexes tentent-elles de s’affranchir du contrôle médical à travers le témoignage?

Les formes de témoignages et les défis liés au fait de se dire publiquement

Plusieurs groupes communautaires qui rejoignent les personnes s’identifiant à une minorité sexuelle ou de genre ont participé à des discussions dans le cadre d’une rencontre consultative réalisée en 2012. Ces discussions ont porté sur les divers objectifs et expériences de témoignage ainsi que sur ses conditions de production. Une comparaison des différents usages et pratiques du témoignage faisait partie des points majeurs qui ont été abordés.

Lors de ces discussions, les participant.es ont noté qu’une très grande diversité de formes de témoignage peut être répertoriée (zines, essais, poésie, blogues ; à l’oral, à l’écrit, numérisé, etc.). Cette pluralité de médias permet d’amplifier les voix de ceux et celles qui n’ont pas accès à des espaces institutionnalisés ou qui demeurent invisibles dans l’espace public. On a constaté aussi que lorsque le témoignage est livré en direct devant un groupe, la personne témoin a le sentiment d’avoir un plus grand contrôle sur le message véhiculé que lorsqu’elle livre un témoignage dans l’engrenage d’un média de masse.

Le format et le contenu des témoignages diffèrent également en fonction des philosophies des personnes et des groupes qui les produisent (les témoignages dans des ateliers de démystification en milieu scolaire, les témoignages accompagnant une action politique, etc.). Le témoignage peut avoir une forme plutôt personnelle, plus distanciée ou théorique.

Par ailleurs, les usages, la diffusion et les impacts perçus du témoignage ne sont pas uniformes à travers différents groupes. Les voix trans et queer, par exemple, restent toujours relativement invisibles et les voix intersexes commencent tout juste à émerger.